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LAST EXIT
16 novembre 2015

à l'attention de Joann Sfar

" Cela fait un an que je subis les je ne suis pas Charlie." J. Sfar, France Inter, ce matin.

Rappelons à notre bien-pensant de dessinateur que cela fait aussi bientôt un an que les Je ne suis pas Charlie qui raisonnent, subissent les Je suis Charlie, et cette glaçante pensée unique qui décide de quelle façon on doit être affecté d'une tragédie, et quel comportement adopter sous peine d'être pris pour des sanguinaires.

Pour ma part, il m'a tout à fait été possible hier de condamner les attentats de Charlie Hebdo, et n'être pas Charlie, tout comme il m'est possible aujourd'hui de condamner les attentats parisiens sans être Paris.

Ce n'est pas parce que certains individus refusent de se joindre au plus grand nombre, manger dans la main des médias, ou de ces experts en art de l'effusion qui exigent qu'on s'attelle à leur indignation comme autant de casseroles attachées à la queue d'un chien, que ces individus sont inhumains, et cautionnent le crime.

Personne au monde ne décidera pour moi de comment je dois réagir à une tragédie, et m'obligera par un processus souterrain de culpabilité à me ranger du côté du « tous unis dans le malheur » alors qu'il suffit qu'un autre jour se lève, pour que nous soyons tous autant que nous sommes, capables de tuer notre voisin pour une broutille. Il y a belle lurette que j'ai choisi de travailler en amont, et ne pas participer malgré moi à la curée se nichant au coeur de tout évènement, si tragique soit-il, en utilisant le jargon de psychologue, m'apppropriant les mots clés comme sidération, colère, fraternité, et prônant un "je suis Paris" criant de sincérité. De cette sincérité, d'ailleurs, sur le moment je ne doute pas, mais je préfère quant à moi lutter à ma façon, et dans la durée, avec les modestes moyens que j'ai.

Mes pensées vont aux victimes, aux familles des victimes, mais je ne suis pas Paris, parce que Paris aujourd'hui reste comme hier, la ville interdite aux pauvres, la ville des 7000 femmes invisibles, sdf, qu'aucun élan de solidarité à un jour T, n'empêchera d'être injuste tout le reste du temps.

Je ne suis toujours pas Charlie, et je ne cautionne toujours pas les attentats quels qu'ils soient, en France comme ailleurs, parce que ce "tous ensemble" prôné un jour dans une société profondément individualiste me dégoûte, et parce que tout slogan vanté vers une pensée unique, si noble peut-elle apparaître, me terrifie. J'ai conscience aussi que je suis potentiellement capable de commettre des actes criminels, comme tout à chacun est potentiellement capable de le faire dans sa vie, parce que l'être humain est ainsi fait, et rien que pour cela, en raison de mon statut d'être humain, potentiellement faillible, je me refuse à donner des leçons, mais me donne juste le droit d'être triste, et de compatir à MA MANIERE, aux attentats d'hier, d'aujourd'hui, et à ceux de demain qui ne manqueront pas d'arriver, ne vous en déplaise Monsieur Joann Sfar.

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