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LAST EXIT
30 avril 2020

De la nécessité d'abolir les écoles de management

 

    Contrairement à ce qu'on pourrait penser, management, à la base, découle bien d'un mot français du XVe siècle, mesnager, signifiant Tenir en main les rênes d'un cheval, issu du latin manus agere, contrôler, manier, avoir en main. Voilà qui nous donne un avant-goût du rôle incombé à cette forme de gestion d'entreprise. Il existe une multitude de types de management, directif, participatif, persuasif, délégatif, tous destinés à atteindre les objectifs de l'entreprise. Si le terme est utilisé depuis les années 60 pour qualifier avec plus de simplicité, la gestion et la direction d'une entreprise, sa technique et son fonctionnement restent encore à peu près humain jusqu'à l'arrivée de petits nouveaux dans les années 2000, tel le lean management, sorti tout droit des usines Toyota du Japon, visant cette fois à une amélioration constante de ces objectifs à atteindre. C'est bien simple, plus massacreur de salariés vous ne pouvez pas faire, mais efficace au niveau des objectifs. Cette technique putasse va essaimer un peu partout, et contaminer de manière plus ou moins virile tous ses confrères. 

     La suite, ce n'est ni plus ni moins que l'histoire d'une machine à broyer, avec une formation au préalable présentée sous forme de cours, inculqués de manière qui se voudrait plus humaine, notamment depuis quelques années, par des professeurs en constante contradiction entre l'humain et l'objectif. On aura beau faire, et tenter de tirer les leçons des multiples dégâts générés par les écoles de management d'hier, pour vanter la réorientation considérée désormais éthiquement viable des nouvelles formes d'apprentissage d'aujourd'hui, dit aussi management agile, rien n'y fait, les burn-out, et autres dépressions sévères se ramassent à la pelle. Le management pyramidal est toujours bien présent mais de manière plus subtile, voilà tout.

     Que dire des opportunistes, lesquels par leur seule gouaille et/ou réseaux de connaissances parviendront au poste tant convoité de manager sans être passés par la case départ, l'école ? Ils franchiront un degré de plus dans l'apprentissage du pire. Le gagnant dans l'histoire c'est le labo d'où sort le xanax. Est-ce nécessaire de manager pour faire du chiffre ? C'est loin d'être sûr. Le problème, c'est le pouvoir.

     Les écoles de management sont avant tout un instrument d'apprentissage du pouvoir, et de sa faculté à l'utiliser, le modeler, et en abuser. Quand les objectifs deviennent un prétexte pour l'exercer, l'école ne remplit plus son rôle d'enseignement mais demeure au service d'un système de domination. Le public se scindera en deux catégories aussi minables l'une que l'autre, les plus dociles qui rêveront de bien faire, et appliqueront à la règle les enseignements arbitraires de leur chef, afin de briguer l'échelon de ce dernier, avec tout ce que cela compose comme rudiments nécessaires à l'exercice de l'écrasage du concurrent, et les autres, en l'occurrence les mêmes, à un chouia près qu'ils auront en eux cette petite graine de perversité qui ne demandera qu'à éclore une fois le poste pourvu. On devine la suite.

    On pourra bien travestir les cours en leur donnant une connotation décente, et appuyer sur la question du respect du salarié, parler de collaboration plutôt que de domination, d'organisation horizontale plutôt que de cette hiérarchie verticale, et éculée n'est-ce pas, de complicité plutôt que de subordination, rien n'y fera, parce que parvenir aux objectifs marchands d'une entreprise est avant tout rompre résolument avec toute question d'éthique, et le plus terrible, parce que le pouvoir n'a nul besoin d'objectifs à atteindre pour s'exercer.

    Il creuse son trou en vous et métastase à une vitesse vertigineuse, dès lors qu'on se le voit confier. Les écoles de management représentent ni plus ni moins qu'un nid douillet pour ceux qui en veulent. Autrement dit, là où le pouvoir pourra se nicher en toute sécurité en rationnalisant déjà la manne des candidats potentiels, en l'occurrence, chez toutes celles et ceux, non libérés de la reconnaissance, qui ne demanderont qu'à faire éclore ce qu'ils considèrent comme une réussite de carrière, dominer, exiger, mener, lors d'un futur poste dont on dira qu'il est à responsabilité, donc convoité, et au salaire encourageant, crucifiant toute empathie et toute éthique, au nom soit-disant d'objectifs à atteindre. L'école dans ce cas est contre-productive, en créant du stress, de l'anxiété, avec tout le florilège de maux que cela entraîne. Elle n'est tout simplement plus viable, et sa formation n'a plus de raison d'être, car le statut même de manager tel qu'il se définit actuellement n'a pas sa place dans une société décente.

 

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