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LAST EXIT
17 décembre 2008

les vautours

C’est l’hiver, période de troubles gastro-intestinaux et autres virus, également cette année, période de crise économique laissant apparaître une profusion d'autres parasites en tous genre, en effet des apprentis guérisseurs sortis tout droit d’une place au chaud poussent de ci, de là, comme des champignons, le confort oisif laissant à loisir courir la plume de ces charlatans chroniques remplis d’aise face à une société dont il est si pratique actuellement de dénoncer les travers. Période durant laquelle on peut donc apprécier un nombre incalculable d’interventions d’écrivains, philosophes, journalistes, chroniqueurs se laissant aller à une joie toute charognarde de dénoncer les impostures enfouies dans les tréfonds d’un système aberrant et terriblement inégal, "oh mon Dieu ! Il faut défendre le peuple, tous ces malheureux désespérement incultes, soumis à la dictature de personnages élevés qu’ils ne peuvent comprendre, c’est injuste voyons !" Les voici, les voilà nos rebouteux de plumitifs dégénérés, qui, du haut de leur pinacle se chargent d’ausculter la masse et de se faire le porte-parole de ces sans-voix, sans culture et sans avenir que nous sommes, nourrissant à notre encontre un savoureux mélange de commisération et de mépris, parce que nous le valons bien n’est-ce pas ?

Nos apprentis sorciers se gargarisent de nos maux, en pleine phase jubilatoire, tout croustillants de satisfaction à l’idée de ce que la misère sociale de cette population informe va leur rapporter et dont ils se plaisent à se faire le porte-parole, s’exerçant à une provocation aussi mielleuse que convenue à l’encontre de ceux qui resteront quoi qu’il en soit, leurs maîtres. Comme un fin limier renâclant sa proie, la fange médiatique attise les braises alors que le moindre haussement de sourcil d’un de ceux qui gouvernent ces gratte-papier, les feront gentiment rentrer dans leurs petits souliers, la queue entre les jambes, l’éditorial du lendemain beaucoup plus modéré quant à la dénonciation des impostures politico-économiques de la veille.

Dans les émissions TV, nos sociocrates et autres philocrates se tortillent du cul sur leur siège, frétillants d’aise à l’idée de laisser leur Savoir s’ébattre au sein de confrontations intellectuelles et autres expertises  de la situation, tous plus infatués les uns que les autres, disséquant l’indigence de la populace, en se taillant, au passage, des biftecks dans les muscles ouvriers, les morceaux ne sont pas nobles mais rapportent, c’est là l’essentiel. D’ailleurs que connaissent-ils de cette vie là qu’ils s’échinent à défendre avec autant de pugnacité, si ce n’est qu’elle apporte constamment de l’eau à leur moulin ? Pas de risque du vertige de la page blanche avec des sujets concernant les plus nombreux, il y a suffisamment de liant dans la vie de ces derniers afin que des barbouilleurs de papier s’en repaissent à loisir et vendent toujours plus.

C’est également au goût du jour, crise oblige, d’inviter des artistes aux côtés de philosophes ou personnalités politiques pour discourir sur les pénibles conditions de vie du peuple. Chacun y va de sa tirade, de son imbecillité galopante affichée sur un sourire ultrabright, des couches successives de connerie s’agglutinant comme autant de fond de teint sur des visages lissés jusqu’à l’absurde, les philosophes flattent ces jolis minois décervelés en mal de gloire, formant des oh ! et des ah ! offusqués face à un monde aussi cruel, "c’est terrible de nos jours de voir tant de gens dormir dehors, il fait si froid !" La fameuse phrase sortie tout droit des miasmes de la débilité bourgeoise est reprise aussitôt par nos penseurs qui se chargeront de dénoncer, une fois de plus, les travers de politicards corrompus avec lesquels, cependant, ils trinqueront à la fin de la putasse émission en portant un toast pour la sortie de leur prochain livre... sur la crise.

Pendant que certains jouissent sur le dos d'une population qui peine, en s’appliquant à trouver leur bon profil face au projecteurs, d’autres scribouillards véreux s’essaient à un peu de cynisme afin de conjurer le triste sort des plus nombreux, ils en noircissent des pages sur les conditions de vie des  prolétaires, des usines automobiles qui ferment, des voitures neuves pourrissant sur les parkings, mais c’est décidément terrible ! Cependant les cliquetis du clavier s’emballe sous leurs doigts fébriles, excités comme des puces et bouillonnants de certitudes, nos gâte-papier exultent. Les gros titres fusent comme autant de bile que la crise vomit. Combien le mot coûte-t’il ? en chapeau ? en entre-filet ? en titre ? Pendant que des chaînes de montage sont en veilleuse ou complètement à l’arrêt, certaines rotatives elles, tournent à plein régime, nos penseurs bouclent le manuscrit de leur dernier livre, la bave au coin des lèvres en attendant le Bon-à-Tirer, nos chanteurs ont trouvé de nouvelles mélodies et se liquéfient, enchantés qu'on les qualifie d'artistes engagés, nos acteurs se font les chantres d’une gauche bien-pensante et écologique avant de s’envoler, le plein de carburant fait, en jet privé vers un prochain tournage. Tout ce petit monde a son mot à dire sur NOUS, donne son avis sur NOUS, décide de ce qu’il faudrait faire ou ne pas faire pour NOUS et plus que jamais est démesurément loin de ce que NOUS vivons.

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