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LAST EXIT
21 décembre 2008

écume

20081214_0197

De la nature en faillite...
Alors qu’on lui prend tout, elle nous offre l’essentiel. Bientôt sous l’éclat d’une douleur fourbe, comme une écharde qu’on enfonce un peu plus sous l’ongle, le sang se videra de nos joues, les ciels de plomb auront les yeux secs, aucune larme de pluie ne daignera plus tomber de ces sombres coupelles, les vagues refuseront de s’embrasser et de former cette généreuse chantilly d’embruns. Son regard sur le monde désormais voilé par une brume épaisse, le soleil rougira de honte d’oser encore être là pour finalement virer à un carmin de tristesse.

Le vent stoppera sa course effrénée pour tutoyer un insupportable silence, une indicible odeur de souffre enveloppera le monde, au loin des échauffourées se dérouleront entre brouillard méphitique et haleine de feu, des poumons noirs de suie, muselés dans des corps perclus de fatigue, chercheront désespérement l’air respirable, un souffle spectral surgira de ce combat à mort pour cette vie pétrifiée en statue de cendre et d’amertume, vidée de son oxygène, violée dans ses racines, envahie du poison inoculé par une espèce capable du meilleur comme du pire, espèce qui n’aura eu de cesse, durant des siècles, de tailler un peu plus profond dans ces chairs élémentaires, jusqu’à l’os végétal, jusqu’au plus petit brin d’herbe encore vert, jusqu’à l’anéantissement complet de ce que l’humanité possède de plus précieux. Aujourd’hui, on dresse un mausolée de diamant pour une fleur alors qu’un peu de terre lui aurait suffit. Un si long suicide pour une si courte vie... une asphyxie progressive, rampante, fouille insidieusement dans les moindres veines, garrotant les derniers vaisseaux afin de neutraliser à jamais l’ultime battement du vivant.

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Commentaires
C
Beau texte.<br /> Mais la poésie est amorale, et joue parfois de curieux tours aux messages que l'on voudrait y lire, ou y mettre: il y a certes ici la dénonciation de la catastrophe en cours, mais aussi ce désir de catastrophe, de destruction qui est au cœur de toute poésie. <br /> La révolte poétique, comme la dénonciation critique font appel à la catastrophe, mais la première comme désir, l'autre comme horreur.<br /> Il est vrai qu'angoisse et désir ont toujours eu partie liée.
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