de la ségrégation à la souche

“Seuls les invités ont accès à ce blog”. Quatrième fois que le “je” se prend en pleine gueule la sympathique petite phrase du rejet qui manquerait si elle ne s’exerçait pas autant dans le domaine virtuel que dans la réalité et ça ce n’est pas forcément de la faute aux capitalistes. Pourquoi donc ce qui était accessible hier ne l’est plus aujourd’hui ? L’être humain se plait décidément à clôturer son environnement quel qu’il soit, clouant au pilori la moindre interstice de possibilité comme autant de trous de chaussettes à repriser, tout le monde est bienvenu dans un premier temps, après on se contente de faire le tri, laissant à celui qui n’est pas convié aucun espoir d’accès, à moins d’avoir un mot de passe, une gueule qui revient, un mot suffisamment séducteur, une prestance, une quelconque représentation digne d’intérêt. Peut-être est-il nécessaire de creuser ce mal qui nous ronge à la racine et d’en extraire tout le pus avant que de se lancer dans de grandes idées de soulèvement massif et d’UNITE, qui sont comme autant de fantômes et de slogans muets jetés à la face d’un monde totalement replié dans ses miasmes sectaires, chacun construisant sa cabane de bois brut en s’y enfermant avec ses copains, ses amis, ses liens, ses tags et sa merde et puis les autres faisant de même... et puis les autres encore... cet émiettement, cette parcellisation dont nous sommes si friands malgré tout ce que nous voulons bien dire causera notre perte et ce sera bien fait pour nous !
Après JEUDI il y a vendredi et la routine de l’absurde reprendra ainsi que la guerre entre cocos et anars qui se plairont à dénoncer un Tout en s’appliquant toujours autant à se diviser d’un rien. Les employés communaux nettoieront toute la merde de la veille et la vie reprendra son cours, la manif  portée en bandoulière, le sentiment d’avoir bien fait et d’être rassasié pour un jour au moins laissant progressivement leur place à la routine...