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LAST EXIT
1 mars 2009

Soyons durs ! Repartons du bon pied...

engels“On commence à remarquer que les Londoniens ont dû sacrifier la meilleure part de leur qualité d’hommes, pour accomplir les miracles de la civilisation dont la ville regorge, que cent forces qui sommeillaient en eux, sont restées inactives et ont été étouffées afin que seuls quelques-uns puissent se développer plus largement et être multipliées en s’unissant avec celles des autres. La cohue des rues à déjà, à elle seule, quelque chose de répugnant, qui révolte la nature humaine. Ces centaines de milliers de personnes, de tout état et de toutes classes, qui se pressent et se bousculent, ne sont-elles pas toutes des hommes possédant les mêmes qualités et capacités et le même intérêt dans la quête du bonheur ? Et ne doivent-elles pas, finalement, quêter ce bonheur par les mêmes moyens et procédés ? Et pourtant, ces gens se croisent en courant, comme s’ils n’avaient rien de commun, rien à faire ensemble, et pourtant la seule convention entre eux, est l’accord tacite selon lequel chacun tient le trottoir sur sa droite, afin que les deux courants de la foule qui se croisent ne se fassent pas mutuellement obstacle ; et pourtant, il ne vient à l’esprit de personne d’accorder à autrui, ne fût-ce qu’un regard. Cette indifférence brutale, cet isolement insensible de chaque individu au sein de ses intérêts particuliers, sont d’autant plus répugnants et blessants que le nombre de ces individus dans cet espace réduit est plus grand. Et même si nous savons que cet isolement de l’individu confinés dans cet espace réduit est plus grand. Et même si nous savons que cet isolement de l’individu, cet égoïsme borné sont partout le principe fondamental de la société actuelle, ils ne se manifestent nulle part avec une impudence, une assurance si totales qu’ici, précisément, dans la cohue de la grande ville. La désagrégation de l’humanité en monades, dont chacune a un principe de vie particulier, et une fin particulière, cette atomisation du monde est poussée ici à l’extrême. Il en résulte aussi que la guerre sociale, la guerre de tous contre tous, est ici ouvertement déclarée. Comme l’ami Stirner, les gens ne se considèrent réciproquement que comme des sujets utilisables ; chacun exploite autrui, et le résultat c’est que le fort foule aux pieds le faible et que le petit nombre de forts, c’est-à-dire les capitalistes, s’approprient tout.”

Friedrich Engels, La situation de la classe laborieuse en Angleterre.

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Commentaires
C
Sur ton commentaire: la vision nouvelle que tu réclames restera l'apanage d'une minorité tant que les conditions matérielles de cette vision n'auront pas changé. Quant à Facebook,je n'aime guère ce site, sinon pour des échanges rapides avec des proches devenus lointains. Sur le plan politique, ce n'est pas le genre de site pour approfondir les choses, mais il est utile pour organiser (les anars ne s'en sont pas privés lors des luttes en Grèce, et j'ai pu y trouver certaines informations là-bas) et comme "amorce". mais je n'ai guère le temps pour cela. <br /> <br /> Sur l'extrait: Je n'ai pas lu ce livre d'Engels. Cet extrait complète bien celui de Marx. Autre manière, plus vivante, et complémentaire, d'aborder la question de l'aliénation. <br /> Quand on relit de tels passages, on se dit quand même que la pensée marxiste, toute à ses tâches politiques, s'est depuis quelque peu asséchée à sa surface, même si elle garde en profondeur toute sa vigueur. Enfin, potentiellement en tout cas.<br /> Il faut dire que, de tous les auteurs "de base", Engels apparaît beaucoup plus ouvert et sensible. Une anecdote, je crois peu connue et que j'ai découvert dans un livre soviétique: Marx et Engels avaient tous les deux répondus à l'un de ces questionnaires que l'on appelle aujourd'hui "questionnaire de Proust", oubliant qu'ils sont plus anciens. <br /> A la question "Quelle est votre idée du bonheur?", Marx avait répondu "La lutte". Belle réponse, certes. Mais je ne peux m'empêcher de préférer celle d'Engels: "Une bouteille de Château-Laffite 1848"...
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M
Marx me fait partir, Engels me fait revenir. Se donner la peine donc, de chercher quelque chose qui vaille la peine. Internet pourrait être un merveilleux support aux antipodes d’un Facebook au sein duquel les solitudes collectives s'ignorent. “Je comprends comment mais je ne comprends pas pourquoi” comme dirait Georges Orwell. Reprenons les choses à la racine, afin de trouver la racine de toute chose. Si les regards de la rue d’aujourd’hui s’évitent comme ils s’évitaient déjà dans le Londres d’Engels, il va falloir s’appliquer et fidéliser nos pupilles à une vision nouvelle de la fraternité, cela ne nous empêchera pas d’ouvrir grands nos yeux à l’immensité offerte, mais restons un brin fidèles à nous-mêmes.
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