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LAST EXIT
20 mai 2009

62e Foire aux Bestiaux de Cannes

vache

C’est un peu comme au salon de l’agriculture, mais les véritables bovins ont quelque chose de plus attachant, comment dire, de moins superficiel, disons-le tout net, ils sont sans fards. A Cannes, soyons francs c’est différent, la paille qui sert de lieu de villégiature à nos chères bêtes de ferme du salon parisien laisse place à un tapis rouge sang, on est tenté d’ailleurs de remplacer sang par honte, mais il n’est pas question que le rouge monte aux joues des festivaliers cannois autrement que par l’intermédiaire d’une nuée de flashs mitraillant leur face de bourgeois décervelés. Plus loin, de frêles jeunes filles jouent du coude pour tenter d’apercevoir l’idole et toucher du doigt un rêve inaccessible. Ecarquillant grands les yeux, à la recherche de visages connus, elles se tortillent à corps et à cris dans l’espoir de caresser un de ces regards postiches et on peut voir danser follement, au coeur de leur pupilles, les étoiles du possible qui restera à jamais absent de leurs attentes. Comment leur en vouloir ? Affamées de rêves, une orgie de luxe est exposée à deux pas de leur visage.  Les Stars, vitrine insolente d'argent facile, de paillettes et autres robes somptueuses défilent sous le nez du crin quotidien, affichant fièrement le creux de leur existence, congestionnées dans le superflu, elles exultent et s'enhardissent dans la niaiserie.

Aux palaces d’à côté, une multitude de petites mains s’affairent à servir ces êtres totalement concentrés sur leur apparence, fardés à l'excès, ridiculement fats et superbement suffisants. Sans doute y aura-t'il cette année encore, quelques femmes de chambre sèchement remerciées, parce qu’elles auront eu le malheur de ne pas border un lit à la perfection, ou laissé une fleur se faner ici, une microscopique miette de pain traîner là, ou bien encore oublié un poil de cul de star au fond d’une baignoire parée de robinets chromés d’or. Vous pensez ! un poil de cul de star, ce que ça peut coûter ! Un groom service sera peut-être viré lui aussi sur le champ, cette année encore, comme l’année passée, parce que l’oeuf à la coque de la décérébrée Sharon Stone sera un peu trop cuit. C’est Cannes ! le festival ! Entendez-vous ce drôle de chuintement que font les robes haute couture portées par celles dont le cerveau émet également d'étranges gargarismes, chrouink ! chrouink ! un peu comme un petit pois dans une coquille vide. La montée des marches et le bruit des flashs masquent heureusement le petit tohue-bohue se déroulant à l’intérieur de la paroi crânienne de celles et ceux qui ont piteusement oublié qu’ils étaient mortels.

Plutôt dans un égout que sur un piédestal. E. Cioran

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