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LAST EXIT
1 janvier 2010

NAIRU et Blade Runner

“Ce qu’il y a de fâcheux dans les théories modernes, ce n’est pas qu’elles sont fausses, c’est qu’elles peuvent devenir vraies”.
Hannah Arendt, La condition de l’homme moderne.

Cela signifie que plus le système capitaliste se révèle capable de contraindre les hommes à intérioriser l’imaginaire moderne, (et, ici, la propagande publicitaire et l’industrie du divertissement jouent, à l’évidence, un rôle mille fois pus déterminant que celui de n’importe quelle propagande libérale au sens strict, plus il est clair que sa logique rencontre de moins en moins de difficultés pour déployer en cercles concentriques toujours plus amples, la gamme interminable de ses effets décivilisateurs : avec, à la clé, comme horizon régulateur probable d’un tel mouvement historique, un monde à la “Blade Runner”, immense Marché couvert de tags, où des solitudes atomisées et perpétuellement mobiles, seront condamnées à se croiser à l’infini, “sans avoir besoin de s’aimer ni même de parler”, comme le précise avec une curieuse délectation Milton Friedman (1). [...]

(1) Rose et Milton Friedman, Free to choose (Secker and Warbug, 1980). La formule des Friedman (mais qu’est-ce qui est donc supposé unir ces deux-là d’un point de vue libéral ?) ne fait que développer une idée déjà exposée par Adam Smith, dans sa théorie des sentiments moraux : “Lors même que parmi les différents membres de la société, il n’y a ni amour ni bienveillance mutuelle, la société n’est pas pour cela dissoute dans son essence. Elle peut alors subsister entre les hommes comme elle subsiste entre les marchands par le sentiment de son utilité, sans aucun lien d’affection et se soutenir à l’aide de l’échange intéressé des services mutuels auxquels on a assigné une valeur convenue”. On aurait tort de sous-estimer, sous prétexte que ses écrits sont particulièrement indigents, l’importance de Milton Friedman (prix nobel d’économie 1976) dans la mise en place des politiques libérales contemporaines : inspirateur reconnu de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan (après avoir été le conseiller économique du coup d’Etat libéral d’Augusto Pinochet en 1973), il est surtout l’immortel inventeur, en 1968, du NAIRU (Non accelerating inflation rate of unemployment), autrement dit de ce prétendu “taux naturel de chômage” (fixé à l’origine à 9 %), en dessous duquel l’économie libérale est supposée ne jamais devoir descendre si elle veut éviter la reprise de l’inflation. On comprend que les media officiels français se soient toujours montrés très discrets sur l’existence du NAIRU : elle rappellerait à chacun, de façon bien peu opportune, que l’existence d’un taux de chômage tournant autour de 9 % est d’abord, dans les économies occidentales, le produit d’une décision politique, fondée, de surcroît, sur un dogme dépourvu de toute base scientifique. Et il n’est pas inintéressant, au passage, d’apprendre que ce mythique NAIRU a servi de base aux travaux de l’expert socialiste Charpin sur l’avenir des retraites en France, travaux qui sont devenus depuis, l’inspiration majeure du rapport Fillon.

Extrait du livre Orwell éducateur de Jean-Claude Michéa (Ed. Climats 2003).

http://www.chomage-et-monnaie.org/Documents_html/Nairu.html
http://www.actuchomage.org/Vivre-le-chomage/le-nairu-quest-ce-que-cest.html

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Commentaires
B
J'ai lu pas mal de Sf éant plus jeune dont du Philip K Dick et on ne peut décemment plus nommer ces bouquins SF mais livre d'anticipation.<br /> <br /> Brazil est également un film à revoir sans aucun doute.
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