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LAST EXIT
24 mars 2013

Prolétaires de batterie !

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Ils ont appelé cela Les grands ensembles. Le terme grandiloquent voulait peut-être nous faire croire au meilleur. Allez savoir avec les bourgeois ! Grand, cela l’est sans conteste, autant que les Feed lots  américains, destinés à accueillir le plus grand nombre... de bestiaux. Les bourgeois ont mis là beaucoup d’entre nous, en disant «Je t’offre un toit, pouilleux ! Maintenant, travaille, obéis, consomme, et surtout ferme là !». Il y a tant de pauvres dehors, qu’ils ont exigé de nous que l’on se considère comme chanceux. En périphérie de leur lucrative stratégie, ils nous ont parqués comme des bêtes. Dans ces immenses formes géométriques montées précipitamment, ils nous ont imposé le béton comme seul horizon. Puis ils sont rentrés chez eux, dans leurs logements cossus des centres-ville, se frottant les mains de leurs obscènes opérations. Ils ont peaufiné leur rejet du travailleur pauvre, jusqu’à son étouffement au coeur de périmètres voués à l’abandon. Une fois l’argent récolté, ils nous ont laissés en friche, avec nos murs en papier mâché, nos chétives cloisons, et nos rêves en bandoulière. Nous avons laissé nos nerfs dans cette insalubrité grandissante, perdu de la sueur au litre parmi cette promiscuité écrasante, et sans verdure. Aujourd’hui, les bourgeois veulent nous faire croire qu’en dynamitant en partie les grands ensembles, ils ont amélioré notre quotidien, mais c’est faux. Ils n’ont rien à faire ni de notre inconfort ni de notre misère. Ils se sont aperçus qu’un monde indiscipliné avait éclos de ces barres grisâtres, un monde pouvant leur nuire. Depuis cette découverte, ils se contentent de réduire les cubes, et mettre des terrasses à nos fenêtres. Ils croient pouvoir nous calmer dans des logements toujours plus exigus, et aux loyers toujours plus explosifs. Ils croient pouvoir nous mater, en nous repoussant toujours plus loin des villes. Ils croient pouvoir nous rayer de leur charmant décor, en continuant de nous amasser dans des endroits toujours plus ingrats, toujours plus reculés, toujours plus chers. Ils croient pouvoir nous exploiter pour de bon, en nous laissant ces miettes, dont ils ne voudraient pour rien au monde. Ils nous font croire qu’ils sont généreux, et que ce sont eux qui nous donnent le toit, et le lit. Ils croient ainsi pouvoir faire de nous des travailleurs obéissants et silencieux. Mais ils ne nous donnent rien, ils nous prennent tout. C’est nous qui payons le lit, le toit, les murs, en honorant un gargantuesque loyer à chaque fin de mois. Nous payons au centuple ce minimum vital, auquel nous devrions pouvoir prétendre gratuitement. Que de force de travail sacrifiée à nourrir des démons ! Que de muscles froissés à satisfaire l’appétit de seulement quelques-uns ! Il est grand temps de tourner la page de notre asservissement.

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