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LAST EXIT
1 octobre 2015

Sa kommandantur Pôle emploi

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Il était grand temps de leur faire courber l’échine à ces fainéants de chômeurs ! À l’heure où la durée de travail s’allonge aussi loin que le nez des saladiers qui nous gouvernent, et que le nombre d’heures rémunérées se réduit d’autant, il devenait urgent de les faire trimer ces rossards ! Que ne ferait-on pas pour économiser quelques sous, si non spolier les plus pauvres de la seule richesse qu’ils possèdent, la disponibilité de leur temps. Que ne ferait-on pas pour les forçer à embrasser les emplois les plus ennuyeux et pénibles qui soient, tout en leur arrachant des cris de joie à coup de fouet s’il le faut, histoire de légitimer le contrôle.

Combien de temps devra-t-on encore se laisser exploiter par ces faussaires ? Comme si c’était une abjection, un sacrilège, une monstruosité de toucher quelques centaines d’euros par mois sans chercher de travail, comme si c’était plus choquant que ce qu’un patron du cac-40 touche en indemnités sur les dos fourbus des salariés, comme si refuser le travail c’était chômer, comme si sourire tout en étant sans emploi était antinomique, incompatible, à ce point que ceux interviewés sur le chemin de Pôle Emploi n’osent même pas dire qu’ils sont contre la filature renforcée contre leur pomme, leur vie privée, au cas où ils oseraient encore exprimer quelque gaieté à ne pas compter leur temps.

Les limiers sont là pour veiller non pas à ce que les chômeurs trouvent un emploi, mais se rassurer en les observant afficher une mine de dix pieds de long, le visage creusé par les soucis, être sur le pied de guerre dès l’aube en quête de leur salut, cela suffira bien comme preuve que le chômage rend triste, et se révèle destructeur.

Que le chômage appauvrisse, certes, de là à ce que le travail rende heureux, il y a de la marge. D’ailleurs, ce n’est pas tant l’absence de travail qu’on reproche aux chômeurs, mais bien plutôt l’entière disponibilité de leur temps. On leur envie ce dont tout le monde rêve secrètement, et que le système capitaliste nous impose de taire. Au XIXe siècle on mettait les chômeurs en prison ou dans des hôpitaux psychiatriques, ils étaient considérés comme des parias ou des fous, aujourd’hui on leur coupe les vivres, et par là même on coud la bouche de tous les autres, celles et ceux qui oseraient prétendre à quelque joie en disposant de leur vie. C’est alors beaucoup plus simple de faire passer l’exploitation salariale comme un révélateur de bonne santé.

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