James Connolly ou l'engagement
“Le socialisme signifie avant tout le contrôle coopératif des ouvriers sur les moyens de production ; sans ce contrôle coopératif, la propriété publique par l’Etat n’est pas le socialisme mais seulement un capitalisme d’Etat. Les exigences des réformistes de la moyenne bourgeoisie, de la Ligue pour la réforme des chemins de fer aux autres, sont simplement des plans pour faciliter les transactions de la classe capitaliste. Les téléphones d’Etat pour rendre moins chères les transmissions dans l’intérêt de la classe moyenne ; les chemins de fer d’Etat pour rendre moins chères les transports de produits dans l’intérêt du marchand de la moyenne bourgeoisie ; les constructions d’Etat de jetées, de docks, etc. dans l‘intérêt de la classe moyenne marchande ; en fait, chaque projet mis en avant dans lequel l’aide de l’Etat est invoquée est un projet qui doit alléger le fardeau du capitaliste - fabricant, marchand ou fermier. Seraient-ils tous en ordre de marche demain que le changement ne serait pas nécessairement au bénéfice de la classe ouvrière ; nous aurions encore dans nos industries d’Etat, comme c’est le cas pour la poste aujourd’hui, la même classification injuste des salaires et la même domination despotique d’une tête irresponsable. Ceux qui travaillent le plus durement continueraient d’avoir la plus faible rémunération, et la base serait encore privée de toute voix de décision dans leur industrie, tout comme dans toutes les industries privées.
En conséquence, nous répétons, le contrôle et la propriété de l’Etat ne sont pas nécessairement le socialisme - si c’était le cas, l’armée, la marine, la police, la justice, les geôliers, les mouchards et les bourreaux seraient tous fonctionnaires socialistes -, tandis que l’appropriation par l’Etat de toute la terre et les moyens de production pour les travailleurs, combinée avec les contrôle coopératif par les ouvriers d’une telle terre ou de tels matériaux, seraient le socialisme.”
James Connolly, The New Evangel, Dublin-Belfast, 1901.
"Pâques sanglantes" de 1916
Le lundi de Pâques 24 avril, 120 membres de l’Irish Citizen Army (ICA) et 700
de l’Irish Volunteers Force défilent dans O’Connell Street à Dublin.
Soudain, c’est la ruée et l’occupation de la Poste centrale, ainsi que
de divers bâtiments stratégiques, tels le Mendicity Institute et les
Four Courts (Palais de Justice), la biscuiterie Jacobs, les moulins
Boland et la gare de Westland Row. Les chefs de cette action sont :
Patrick Pearse, James Connolly, Tom Clarke, Sean MacDiarmada, Éamon de
Valera et Joseph Plunkett ; Constance Markievicz dirige la brigade
féminine de l’ICA. Des armes sont dérobées à l’armée britannique. Les
femmes, de leur côté, amassent des vivres et des médicaments.
Conformément au programme élaboré, Patrick Pearse proclame la
République irlandaise devant une foule médusée et peu enthousiaste.
Quelques actions ont lieu dans des villes de province, mais on est loin
d’une insurrection générale, comme cela avait été envisagé, les
insurgés sont en effet encore vus comme des traîtres par une grande
partie de la population alors que de nombreux Irlandais se battent
encore en France. Durant toute l’après-midi, les assauts de l’armée
britannique sont systématiquement repoussés et plusieurs casernes sont
même attaquées par les volunteers. Des pillards profitent du chaos pour
mettre à sac les magasins autour de la poste, ils en sont délogés par
les insurgés. Toutefois les Britanniques ont conservé la maîtrise du
téléphone, ce qui leur permet d’alerter les unités stationnées à
Curragh, Belfast, Athlone et Templemore, qui vont converger vers
Dublin. Le lendemain, mardi 25 avril, alors que les insurgés
radiodiffusent la proclamation de la République, la contre-attaque
britannique obtient d’indéniables succès militaires, et les premiers
renforts arrivent de province.
Après cinq jours de violents combats, les insurgés sont acculés dans
une situation désespérée ; le 29 avril Patrick Pearse, président du
gouvernement provisoire, décrète l’arrêt des combats et parvient à
convaincre quelques irréductibles, emmenés par Tom Clarke, que
l’insurrection est un échec. La reddition sans condition est signée le
même jour.
Bilan des combats et de la répression
Au terme de six jours de combats, on dénombre environ 400 morts (318
civils et de 60 à 80 insurgés) et 2 614 blessés (2 217 civils). Quand
Pearse signe la reddition, il reste environ 1 300 volunteers et 220
membres de l‘Irish Citizen Army. La répression des Britanniques va être
implacable : 3 430 hommes et 79 femmes sont arrêtés à Dublin et on
arrive au chiffre de 5 000 personnes si on comptabilise celles
poursuivies en Angleterre et au Pays de Galles. Les dirigeants sont
jugés par des cours martiales qui prononcent 90 peines de mort, il y
aura une quinzaine d’exécutions à la prison de Kilmainham, dont sept
membres du gouvernement provisoire. Patrick Pearse est fusillé le 3 mai.
James Connolly, plusieurs fois blessé pendant l'insurrection, est
arraché de son lit d'hôpital, posé sur une chaise et exécuté le 12 mai.
Roger Casement, qui a servi d'intermédiaire entre l'insurrection et le
Kaiser, est pendu. Éamon de Valera échappe à la peine capitale, du fait
de sa nationalité américaine. Répression sans discernement puisque des
personnalités telles Arthur Griffith ou Eoin Mac Neill ont été
inquiétées, alors qu’elles n’ont pas participé aux évènements. Au mois
d’août, sous la pression du président américain Woodrow Wilson, nouvel
allié du Royaume-Uni dans la Première Guerre mondiale, une première
vague de libération de détenus républicains a lieu, une seconde suivra
en décembre. Les derniers prisonniers sont libérés en 1917.
source : wikipédia