Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
LAST EXIT
3 juillet 2010

L'activiste & le politicien

« Le politicien n’aime guère, voire il déteste la pression exercée par l’activiste radical ; et l’observateur modéré estime que le radical est injuste et peu judicieux en présentant des exigences excessives au responsable en place. Ces deux regards critiques oublient la distinction fondamentale entre le politicien et l’activiste. Cette distinction est souvent plus clairement perçue par les réformateurs que par les politiciens en place. Wendell Philips l’expliquait parfaitement : « Le réformateur ne s’intéresse pas au nombre, se moque de la popularité et ne s’occupe que des idées, de la conscience morale et du sens commun. [...] Il ne s’attend pas à remporter un succès immédiat et ne s’en soucie guère d’ailleurs. Le politicien, lui, se démène dans un présent sans fin. [...] Son travail n’est pas d’éduquer l’opinion publique mais de la représenter. » James Russell Lowell exprimait cette idée d’une autre manière : « Le réformateur doit s’attendre à un relatif isolement, qu’il doit être assez fort pour supporter. Il ne peut pas compter sur le soutien ou la coopération de majorités populaires. En revanche, ce sont là les instruments du politicien. [...] Tous les vrais réformateurs sont des incendiaires. Mais ce sont le cœur, l’esprit et l’âme de leurs compatriotes qu’ils enflamment et, ce faisant, ils remplissent la mission que la sage providence leur a confiée. »

L’observateur critique du radical pourrait bien inconsciemment essayer de conjurer l’image d’un monde grouillant de radicaux. Un monde de cris, de lamentations et de vitupération incessants. Mais il lui serait également fort utile d’imaginer un monde sans radicaux : un monde tranquille, immobile, rongé par le malheur des victimes de l’injustice abandonnés à leur sort et des opprimés désemparés. De tout temps, c’est d’abord le radical – et seulement ensuite le modéré – qui tend la main à celui que l’ordre social a jeté au sol. [...] »

Howard Zinn, L’impossible neutralité (1994)

Publicité
Publicité
Commentaires






Publicité

Manipulation

Livres

Livres

Béacanal

Musique

Archives
Publicité