Les vacances ? Et puis quoi...

Les tempes à tambour battant implorent une trêve au silence. Qu’il cesse de cogner ainsi sous les crânes ! D'une multitude noyée dans l’immensité urbaine, les chairs s’éventrent contre le béton armé de l’urgence. Le corps du système réclame, tel un gamin capricieux, sa pitance quotidienne de fureur et de sang. Le Capital a fière allure et en tire tout son jus. Ici et là, des carcasses ambulantes, gonflées d’espoir vain, suivent le rythme des massacres perpétrés à cœur ouvert. La raison s’effrite en mille morceaux sous la tutelle d’un pouvoir imbécile. Derrière les coups de klaxon tonitruants et accélérateurs revanchards, la monotonie citadine balafre les joues creusées de peine. Chaque jour suffit comme autant de gifles envoyées à la gueule du monde, et l’ossature du temps bat son plein de misère humaine. La trépidation des masses soumises à l’affairement quotidien, les piétinements par milliers voués aux décibels consacrés, le ronronnement ordinaire et permanent du nulle part, les clameurs diffuses sortant des bureaux confinés, les agitations consternées de travailleurs fourbus,  des usines à portée de sueur et de rage écumée, le déhanché des cris sous des fenêtres grinçantes, s’activent en un vacarme aliénant et destructeur.

Seulement rêver que l’air nous déleste de ce qui nous reste de raison, et qu’il pèse de tout son poids sur l’absence.