Le bal des vampirettes

Il serait honorable que notre beau pays prônant l'égalité à tout va, rompe avec une tradition créée en 1780 de l'autre côté de la Manche, pas bien longtemps avant que l'on ne coupe quelques fameuses têtes en France, et pur symbole de l'inégalité crasse, dont malheureusement les britanniques sont si friands, cramponnés à leur poussiéreuse monarchie comme autant de mouches autour d'un pot de miel.

Point n'est utile de couper les petites têtes aussi fraîches qu'ignorantes (ci-dessus), comme nous aurions pu le faire il y a un peu plus de deux siècles, car nous sommes dans un monde civilisé n'est-ce pas ? Cela dit, on voudrait juste épargner à ces jolis minois le ridicule - même s'il ne tue pas - de leur situation un brin fossilisée dans le temps, y compris sur les photos, et quelque peu anachronique, même si on se doute que ces damoiselles sont parfaitement équipées en univers high tech que cher papa, forcément riche homme d'affaire, de surcroît un tantinet exploiteur de forces vives, leur aura acheté sans trop de tracas, en forniquant sur le dos de salariés payés à coups de serpe.

La TV a cela de bon qu'elle vous mène d'un univers à un autre sans trop de complication. Il suffit de regarder les images sans trop réfléchir, surtout pas trop réfléchir, parce que sinon ce serait à se coller une balle, surtout quand on passe subrepticement du prix des robes haute couture portées par ces petites bourgeoises, à une grand-mère moldave, sur une autre chaîne, tuant un chat pour pouvoir nourrir ses petits-enfants. Le cerveau périclite à ce moment précis, mais bien sûr, on ne peut pas résoudre tous les malheurs du monde, et ce n'est pas parce que là certains crèvent de faim, qu'ici on va se priver de manger.

En fait, c'est juste une question d'écart qui pose problème, de disproportion, de saturation, on va dire, des univers. Il est des jours où l'on peut bien avoir envie de tuer le monde, que cela ne changera rien à ce qu'il est, n'est-ce pas ? Enfin, si la décence existait, ces jolis minois pourraient continuer de s'aveugler de leur lucre et s'y vautrer, sans le cracher à la gueule d'un monde qui ne leur appartient qu'en apparence. Disons que ce serait déjà un premier pas, que nous n'avons manifestement toujours pas décidé de franchir.

PS : Parmi toutes ces jeunes filles, il y en a toujours une ou deux dans le lot, choisies, non parce qu'elles sont bien nées, comme on le dit dans le puant jargon bourgeois, mais pour leur intelligence, histoire de sauver la mise, mais cela ne la sauve pas, bien évidemment.